Ce que je suis, apparemment.
Extrémiste
du portage, de l’allaitement, du sommeil partagée, de l’alimentation, du respect
de mon bébé et cetera. Soit.
« L'extrémisme
est un terme utilisé pour qualifier une doctrine ou une attitude dont les adeptes
refusent toute alternative à ce que leur dicte cette doctrine »
Alors
je suis extrêmement d’accord, je suis une extrémiste. Et cette doctrine que je
suis aveuglément, sans concession, c’est mon instinct et mon cœur.
Je refuse catégoriquement d’écouter
quelqu’un d’autre que cet instinct de maman qui me pousse à être attentive aux
besoins de ma fille autant que mon cœur le peut.
Je refuse catégoriquement de ne
pas essayer de comprendre pourquoi ce si petit bébé ne mériterait-il pas toute
notre implication pour en faire un enfant heureux et libre.
Je refuse catégoriquement d’accepter
de laisser pleurer ma fille pour lui donner une quelconque valeur éducative. Je
refuse de la traiter de capricieuse quand elle me réclame juste un peu plus d’amour.
Je refuse de dire que ce n’est pas un bébé « facile » si elle ne veut
que mes bras et rien que mes bras. Je refuse de lui apprendre la violence de l’indifférence.
Je refuse catégoriquement de
fermer les yeux sur ses besoins physiologiques ou psychologiques et d’oublier
que son corps n’est pas capable de tout, ni d’être constamment allongé bien à
plat, ni d’être seul trop longtemps. Je refuse de pas la porter par peur qu’elle
s’habitue. Ou pour qu’elle se déshabitue surtout.
Je refuse catégoriquement d’oublier
sa fragilité et sa vulnérabilité. Je refuse d’oublier d’où elle vient et
pourquoi elle est là. Je refuse de me convaincre que ma vie ne changera pas,
encore et encore, et que ce n’est pas à MOI, de m’adapter à ce dont elle a
besoin.
Je refuse catégoriquement d’arrêter
d’allaiter pour éviter de passer pour une folle aux tétons, possessive et incapable
de couper le cordon. Ce cordon est coupé depuis sa naissance, et ce n’est pas parce
que nos corps ne sont plus reliés par ce morceau de nous deux que je dois la forcer à grandir trop vite en lui imposant d’être ce qu’elle ne peut pas encore.
Je refuse catégoriquement de lui
refuser la chaleur de mes bras, que ce soit de jour ou de nuit. Je refuse de
nier son besoin de proximité, que ce soit de jour ou de nuit. Je refuse d’accueillir
ses faiblesses, que ce soit de jour ou de nuit.
Je refuse catégoriquement de ne
pas me poser certaines questions, car si je ne serais jamais une maman
parfaite, je veux quand même essayer de faire le moins d’erreur possible. Oh je
sais. J’en ferais. J’en ai déjà fait !
Je refuse catégoriquement de
considérer ma fille comme un chaton à dresser, à dompter, à coup de tape sur le
nez et autres méchancetés.
Je refuse catégoriquement d’avoir
peur de ma fille et d’en faire mon ennemie. Je refuse de ne pas tout faire pour
ne pas perdre ma patience et ma bienveillance. Je refuse de culpabiliser quand
ça arrive mais je veux me servir de ces faux pas pour devenir meilleure. Pour elle et juste pour elle.
Je refuse catégoriquement de ne
pas penser que frapper ses enfants ou leur crier dessus, c’est commettre une
erreur, c’est être lâche, c’est croire que l’être humain ne comprend que grâce
à la violence. C’est expliquer à son enfant que pour se faire respecter, il
faut hausser le ton ou user des poings. Je refuse de montrer à ma fille que c’est
normal de frapper sa femme ou de balancer un chat contre un mur. Je refuse de
lui dire qu’il ne faut pas taper en lui donnant une claque sur les mains. Je refuse de ne pas montrer l'exemple !
Je refuse catégoriquement de
juger les autres mamans, celles qui font différemment, celles qui aiment différemment.
Mais je refuse de ne pas avoir le droit de dire que certaines choses me peinent
ou m’énervent. Je refuse de vivre dans un
monde où tout le monde doit être d’accord avec tout le monde sous peine de se faire taxer d’extrémiste !
Je refuse d’être modérée, de croire un peu mais pas trop, d’être une pâle copie
de moi-même, d’aimer à moitié ou de fermer ma gueule !
Je refuse catégoriquement de ne pas me respecter en ne respectant pas ma fille !
Je refuse aussi catégoriquement de ne pas penser
à moi. Je refuse de ne pas penser à mon couple. Je refuse de ne pas faire la
danse de la joie toute nue dans ma cuisine quand, ENFIN, elle dort et que je
suis libre. Je refuse de me faire péter la vessie à ne pas oser faire pipi
parce qu’elle va se mettre à pleurer si je sors de son champs de vision. Je
refuse de ne pas compter les jours entre maintenant et ma prochaine (et encore trop lointaine) murge avec mes copines. Je refuse de ne pas prier tous les
soirs le petit Jésus pour qu’elle fasse enfin une nuit complète, sans me
grimper dessus pour dormir encore plus près de moi.
Je refuse catégoriquement de ne pas aimer ma
fille extrêmement et je refuse de ne pas être entièrement cette maman, la seule que je
sache être.
Je suis extrême et extrêmement MOI !
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